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Les bancs
9 septembre 2005

Ce que voient les ombres (suite2)

J'ai réellement commencé la matte vers la fin de l'adolescence. A l'époque j'étais loin de me douter de ce qui allait se passer... J'ai fait mes premières armes avec mes parents. Les vacances que nous passions ensemble, dans les endroits ensoleillés, leur permettait de farniente paisiblement à la terrasse des cafés. Le grand astre leur tanait le cuir et plissait leurs yeux. Nous sirotions nos boissons fraîches à l'abri des inquiétudes pluvieuses qui leur alourdissaient les épaules le reste de l'année.

C 'est là, sur les pavés espagnols et portugais, derrière mon étiquette touristique, que j'ai réalisé mes premières observations. Il y a deux façons d'observer l'humanité. La première est de se laisser porter par son flot incessant et déterminé, la seconde est de la juger quand elle passe à portée de regard. Si certains prônent la facilité d'observation qu'offre la télévision, je dis qu'il est plus sûr de garder son indépendance en se déplaçant soi-même, bref mettre le nez dehors.

Mon oeil s'est affiné, au fil du temps. Mon imagination aussi. Elle est, petit à petit devenue exhaustive, productive et aujurd'hui intarrissable. Ce petit homme, làbas, d'une cinquantaine d'années, se demande, tout en mangeant une barre chocolatée, si il est vraiment utile de se rendre à l'ANPE aujourd'hui. Il mastique son chocolat avec caramel synthétique et noisettes enière-ment reconstituées, les yeux droit devant. Il a stoppé sa marche. Reste là au milieu de la rue pietonne. La foule l'évite, le rase, le frôle, le touche presque mais sans se rendre compte de sa présence... Il fallait être à quelques mètres de là, assis à la terrasse d'un café de la Place du Commerce à Nantes, ce jour-là pour observer cet homme. Se rendre compte de sa présence et lui imaginer un vie à défaut de s'en construire une... Mon Dieu! Si j'avais su! J'y éprouvait tant de plaisir... J'aimais ça moi! Regarder la vie passer... C'était mon cinéma, mes scénarios, qui se déroulaient devant mes yeux affûtés. Le casting? L'humanité.

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